Type de texte | source |
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Titre | Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII |
Auteurs | Jaucourt, Louis de |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1765 |
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(t. XII), p. 255
Antiphile né en Egypte, contemporain de Nicias et d’Apelle, se montra fort étendu dans son art, et réussit également dans les grands et les petits sujets. Il peignit Philippe, et Alexandre encore enfant ; mais il s’acquit beaucoup plus de gloire par le portrait d’un jeune garçon qui souffloit le feu, dont la lueur éclairoit un appartement d’ailleurs fort orné, et faisoit briller la beauté du jeune homme. Pline loue cet ouvrage de nuit, et avec raison ; car il n’en faut pas davantage pour prouver que cette partie de la Peinture, qui consiste dans la belle entente des reflets et du clair-obscur, étoit connue de l’ingénieux Antiphile, quoique M. Perrault en ait refusé l’intelligence aux anciens. [[4:suite : Antiphilos Gryllos]]
Dans :Antiphilos, L’Enfant au brasero(Lien)
(t. XII), p. 257
Caladès vécut à-peu-près dans la cent-sixieme olympiade, & peignit de petits sujets que l’on mettoit sur la scene dans les comédies, in comicis tabellis ; mais l’usage de ces tableaux nous est inconnu ; peut-être qu’à ce terme comicis, répond le titre κωμῳδιᾶντες, donné par Elien, var. hist. 43. à des peintres, qui pour apprêter à rire, représenterent Timothée, général des Athéniens endormi dans sa tente, & par dessus sa tête la Fortune emportant des villes d’un coup de filet. Dans la pluralité de ces peintres, pour un seul sujet de peinture, on découvre d’abord la catachrese d’un pluriel pour un singulier. C’étoit un seul peintre κωμῳδῶν, qui avoit ainsi donné la comédie aux depens de Timothée, & le peintre borné à ces sortes de tableaux comiques, comicis tabellis, étoit Calades. M. de Caylus donne à l’expression de Pline une autre idée, mais qu’il ne propose que comme un doute. Il croit que les ouvrages de Caladès pouvoient être la representation des principales actions des comédies que l’on devoit donner. C’est un usage que les Italiens pratiquent encore aujourd’hui ; car on voit sur la porte de leurs théatres, les endroits les plus intéressans de la piece qu’on doit jouer ce même jour ; et cette espece d’annonce représentée en petites figures coloriées sur des bandes de papier, est exposée des le matin. Le motif aujourd’hui est charlatan ; chez les anciens il avoit d’autres objets ; l’instruction du peuple, pour le mettre plus au fait de l’action, le desir de le prévenir favorablement ; enfin, l’envie de l’occuper quelques momens de plus par des peintures faites avec soin. Calliclès peignit en petit, selon Pline, de même que Calades, parva & Callicles fecit. Ses tableaux, disoit Varron, n’avoient pas plus de quatre pouces de grandeur, & il ne put jamais parvenir à la sublimite d’Euphrànor. Il fut donc postérieur à ce dernier ; ce qui détruit l’idée où étoit le pere Hardouin, que le peintre Callicles a pu être le même que le sculpteur Calliclès, qui fit la statue de Diagoras, vainqueur aux jeux olympiques, en l’an 464 avant l’ere chrétienne.
Dans :Antiphilos et le Gryllos ; Calatès, Calliclès et les tableaux comiques(Lien)
, p. 255
[[4:suit Antiphilos, enfant au brasero]] Le même Antiphile a été l’inventeur du grotesque ; il représenta dans ce goût Gryllus, apparemment l’olympionique de ce nom, que Diodore place à la cent douzieme olympiade ; et le nom de Grillus fut conservé dans la suite à tous les tableaux que l’on voyoit à Rome, et dont l’objet pouvoit être plaisant ou ridicule. C’est ainsi que l’on a nommé en Italie depuis le renouvellement des arts, banbochades, les petites figures faites d’après le peuple, et que Pierre Van Laïr, hollandois, surnomme Bamboche par un sobriquet que méritoit sa figure, avoit coutume de peindre. C’est encore ainsi que nous disons une figure à Calot, quand elle est chargée de quelque ridicule, ou de quelque imperfection donnée par la nature, ou survenue par accident ; non que cet habile dessinateur n’ait fait comme Antiphilus, des ouvrages d’un autre genre ; mais il est singulier de voir combien le monde se répete dans les opérations, dans celles même qui dépendent le plus de l’esprit.
Dans :Antiphilos et le Gryllos ; Calatès, Calliclès et les tableaux comiques(Lien)
(t. XII), p. 255
Il inventa l’art du profil pour cacher les défauts du visage.
Dans :Apelle, le portrait d’Antigone(Lien)
(t. XII), p. 255
[[4:voir Apelle grâce]] […] il eut au degré le plus éminent la grace et l’élégance pour caractériser son génie, le plus beau coloris pour imiter parfaitement la nature, le secret unique d’un vernis pour augmenter la beauté de ses couleurs, et pour conserver ses ouvrages.
Dans :Apelle, atramentum(Lien)
(t. XII), p. 256
On ne peut se résoudre à quitter Apelle ; cet homme qui a réuni tant de qualités du cœur et de l’esprit, qui a joint l’élevation du talent à celle du génie, et qui a été enfin assez grand pour se louer sans partialité, et pour se blâmer avec vérité ; on ne peut, dis-je, le quitter sans parler de l’idée que donne la description d’un de ses ouvrages. C’est le tableau de Diane et de ses nymphes, dont Pline dit : quibus vicisse Homeri versus videtur idipsum describentis. L’admiration que l’on a pour Homere, lui que Phidias voulut prendre pour son seul guide dans l’exécution du Jupiter, qui lui fit un honneur immortel, la supériorité que l’antiquité accorde à Apelle, enfin la réunion de ces deux grands hommes fera toujours regretter ce tableau.
Dans :Apelle, Diane(Lien)
, p. 261
[[4:voir Pamphile]] Quelquefois même il [[5:Pline]] semble préférer la Peinture à la Poésie ; la Diane d’Apelle au milieu de ses nymphes qui sacrifient, paroît, dit-il, l’emporter sur la Diane d’Homere, lequel a décrit le même spectacle.
Dans :Apelle, Diane(Lien)
(t. XII), p. 256
[[4:suit Apelle grâce]] Il recevoit le sentiment du public pour se corriger, et il l’entendoit sans en être vû ; sa réponse au cordonnier devint sans peine un proverbe, parce qu’elle est une leçon pour tous les hommes, ils sont trop portés à la décision, et sont en même tems trop paresseux pour étudier.
Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)
, p. 255
Il se décéla à Protogene par sa justesse dans le dessein, en traçant des contours d’une figure (lineas) sur une toile.
Dans :Apelle et Protogène : le concours de la ligne(Lien)
, p. 264
On sçait qu’Apelle et Protogene travaillerent ensemble à un tableau qui fut conservé précieusement. Ce tableau avoit été regardé comme un miracle de l’art ; et quels étoient ceux qui le considéroient avec le plus de complaisance ? C’étoient des gens du métier, gens en effet plus en état que les autres de sentir les beautés d’un simple dessein, d’en appercevoir les finesses, et d’en être affectés. Ce tableau, ou, si l’on veut, ce dessein avoit mérité de trouver place dans le palais des Césars. Pline, qui parle sur le témoignage des personnes dignes de foi, qui avoient vû ce tableau avant qu’il eût péri dans le premier incendie qui consuma le palais du tems d’Auguste, dit qu’on n’y remarquoit que trois traits, et même qu’on les appercevoit avec assez de peine ; la grande antiquité de ce tableau ne permettoit pas que cela fût autrement. Il est à remarquer que s’il n’offroit à la vûe que de simples lignes coupées dans leur longueur par d’autres lignes, ainsi que M. Perrault se l’étoit imaginé, on en devoit compter cinq, et non pas trois. Le calcul est aisé a faire ; la premiere ligne refendue par une seconde ligne, et celle-ci par une troisieme encore, cela fait bien cinq lignes toutes distinctes, par la précaution qu’on avoit prise en les traçant, d’employer différentes couleurs. Une telle méprise dans une chose de fait, n’est que trop propre à faire sentir l’erreur de ceux qui cherchent sans cesse à rabaisser le mérite de l’antiquité.
Dans :Apelle et Protogène : le concours de la ligne(Lien)
, p. 255
Apelle né l’an du monde 3672 ; il eut au degré le plus éminent la grace et l’élégance pour caractériser son génie, le plus beau coloris pour imiter parfaitement la nature, le secret unique d’un vernis pour augmenter la beauté de ses couleurs, et pour conserver ses ouvrages. Il se décéla à Protogene par sa justesse dans le dessein, en traçant des contours d’une figure (lineas) sur une toile. Il inventa l’art du profil pour cacher les défauts du visage. Il fournit aux Astrologues par ses portraits, le secours de tirer l’horoscope, sans qu’ils vissent les originaux. Il mit le comble à sa gloire par son tableau de la calomnie, et par sa Vénus Anadyomene, que les Poëtes ont tant célébrée, et qu’Auguste acheta cent talens, c’est-à-dire selon le P. Bernard ; environ vingt mille guinées, ou selon Mrs Belley et Barthelemi, 470000 liv. de notre monnoie. Enfin Apelle contribua lui seul plus que tous les autres artistes ensemble, à la perfection de la Peinture par ses ouvrages et par ses écrits, qui subsistoient encore du tems de Pline. Contemporain d’Aristote et d’Alexandre, l’un le plus grand philosophe, l’autre le plus grand conquérant qu’il y ait jamais eu dans le monde, Apelle est aussi le plus grand peintre.
Dans :Apelle supérieur par la grâce(Lien)
, p. 256
Le même Pline, pour caractériser encore plus particulierement Apelle, dit de lui, præcipua ejus in arte venustas fuit. La maniere qui le rendit ainsi supérieur, consistoit dans la grace, le goût, la fonte, le beau choix, & pour faire usage d’un mot qui réunisse une partie des idées que celui de venustas nous donne, dans le morbidezza, terme dont les Italiens ont enrichi la langue des artistes. Quoiqu’il soit difficile de refuser des talens supérieurs à quelques-uns des peintres qui ont précédé celui-ci, il faut convenir que toute l’antiquité s’est accordée pour faire son éloge ; la justesse de ses idées, la grandeur de son ame, son caractere enfin, doivent avoir contribué à un rapport unanime. [[4:suite : Apelle et le cordonnier]]
Dans :Apelle supérieur par la grâce(Lien)
Enfin Apelle fut in aemulis benignus, & ce sentiment lui fit d’autant plus d’honneur, qu’il avoit des rivaux d’un grand mérite. Il trouvoit qu’il manquoit dans tous les ouvrages qu’on lui présentoit, unam Venerem, quam Graci charita vocant ; catera omnia contigisse : sed hac solà sibi neminem parem. Il faut qu’il y ait eu une grande vérité dans ce discours, et qu’Apelle ait possédé véritablement les graces, pour avoir forcé tout le monde d’en convenir, après l’aveu qu’il en avoit fait lui-même. Cependant lorsqu’il s’accordoit si franchement ce qui lui étoit dû, il disoit avec la même vérité, qu’Amphion le surpassoit pour l’ordonnance, et Asclépiodore pour les proportions ou la correction. C’est ainsi que Raphaël, plein de justesse, de grandeur et de graces, parvenu au comble de la gloire, reconnoissoit dans Michel-Ange une fierté dans le goût du dessein qu’il chercha à faire passer dans sa maniere ; et cette circonstance peut servir au parallele de Raphaël et d’Apelle.
Dans :Apelle supérieur par la grâce(Lien)
, p. 255
C’est le peintre sur lequel Pline, ainsi que tous les auteurs, s’est le plus étendu, et dont il a le mieux parlé. Voici un de ses passages : Pinxit et qua pingi non possunt, tonitrua, fulgura, fulgetraque, bronten, astrapen : ceraunobolian appellant : inventa ejus, et coeteris proficere in arte. Toutes ces différences de noms données autrefois à la foudre, ne conviennent plus à la simplicité de nos principes physiques ; mais il semble que l’art devoit être bien resserré dans les grands effets de la nature avant Apelle, si elle lui a l’obligation dont parle Pline.
Dans :Apelle et l’irreprésentable(Lien)
, art. « Peintres grecs », p. 264
Du reste, Apelle lui reprochoit quelquefois de trop fatiguer ses ouvrages, & de ne sçavoir pas les quitter. Ce défaut a souvent jetté dans le froid quelques-uns de nos modernes. Apelle disoit à son ami, le trop de soin est dangereux ; mais la Peinture n’est pas la seule opération de l’esprit qui doit faire attention à ce précepte.
Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)
, art. « Peintres grecs » (numéro t. XII ) , p. 255
[[4:suit Apelle grâce]] Il mit le comble à sa gloire par son tableau de la calomnie, et par sa Vénus Anadyomene, que les Poëtes ont tant célébrée, et qu’Auguste acheta cent talens, c’est-à-dire selon le P. Bernard ; environ vingt mille guinées, ou selon Mrs Belley et Barthelemi, 470000 liv. de notre monnoie.
Dans :Apelle, Vénus anadyomène
(Lien)
, p. 261
[[4:suit Pamphile]] Si les vers grecs qui subsistoient à la louange de la Vénus Anadyomene du même Apelle, avoient prévalu sur le tableau qui ne subsistoit plus, ils rendoient toujours hommage à sa gloire.
Dans :Apelle, Vénus anadyomène
(Lien)
, art. « Peintres grecs » (numéro t. XII) , p. 256
Pline parle fort noblement de la Vénus d’Apelle, que la mort l’empêcha d’achever, et que personne n’osa finir. « Elle causoit plus d’admiration, dit-il, que si elle avoit été terminée, car on voit dans les traits qui restent, la pensée de l’auteur ; et le chagrin que donne ce qui n’est point achevé, redouble l’intérêt ».
Dans :Apelle, Vénus inachevée(Lien)
, art. « Peintres grecs », p. 256
Aristide excella surtout à exprimer également les passions douces, & les passions fortes de l’ame. Attale donna cent talens, environ vingt mille louis, d’un tableau où il ne s’agissoit que de la seule expression d’une passion languissante. Le même prince offrit six mille grands sesterces, c’est-à-dire environ 750000 liv. d’un autre tableau qui se trouvoit dans le butin que Mummius fit à Corinthe ; le général romain sans connoître le prix des beaux arts, fut si surpris de cette offre splendide, qu’il soupçonna une vertu secrette dans le tableau, et le porta à Rome ; mais cette vertu secrette n’étoit autre chose que le touchant et le pathétique qui régnoit dans ce chef-d’œuvre de l’art. En effet, on ne peut voir certaines situations, sans être ému jusqu’au fond de l’ame. Ce chef-d’œuvre qui représentoit un Bacchus étoit si célebre dans la Grece, qu’il avoit passé en proverbe, ou plûtôt il servoit de comparaison, car on disoit beau comme le Bacchus. Pline parle à sa maniere, c’est-à-dire comme Rubens auroit pû faire d’un tableau de Raphael ; Pline, dis-je, parle avec les couleurs d’un grand maître d’un autre tableau, où le célebre artiste de Thebes avoit représenté dans le sac d’une ville, une femme qui expire d’un coup de poignard qu’elle a reçu dans le sein. Un enfant, dit-il, à côté d’elle, se traîne à sa mamelle, et va chercher la vie entre les bras de sa mere mourante : le sang qui l’inonde ; le trait qui est encore dans son sein ; cet enfant que l’instance de la nature jette entre ses bras ; l’inquiétude de cette femme sur le sort de son malheureux fils, qui vient au lieu du lait sucer avidement le sang tout pur ; enfin le combat de la mere contre une mort cruelle ; tous ces objets représentés avec la plus grande vérité, portoient le trouble et l’amertume dans le cœur des personnes les plus indifférentes. Ce tableau étoit digne d’Alexandre, il le fit transporter à Pella, lieu de sa naissance.
Dans :Aristide de Thèbes : la mère mourante, le malade(Lien)
, p. 257
Bularque, fleurissoit du tems de Candaule roi de Lydie, qui lui acheta au poids de l’or un tableau de la défaite des Magnetes ; or Candaule mourut dans la dix-huitieme olympiade, l’an 708 avant l’ere chrétienne. Ainsi Bularchus a vécu postérieurement à l’ere de Rome, et vers l’an 730 avant J. C. Pline, en disant que les peintres monochromes avoient précédé Bularque, fait clairement entendre que ce fut ce peintre qui le premier introduisit l’usage de plusieurs couleurs dans un seul ouvrage de peinture. C’est donc à-peu-près vers l’an 730 avant J. C. qu’on peut établir l’époque de la peinture polychrome, et vraisemblablement l’époque de la représentation des batailles dans des ouvrages de peinture. Ce fut aussi l’époque du clair obscur ; Pline assure qu’au moyen de la pluralité des couleurs qui se firent mutuellement valoir, l’art jusques-là trop uniforme se diversifia, et inventa les lumieres et les ombres ; mais puisqu’il ajoute que l’usage du coloris, le mélange, et la dégradation des couleurs, ne furent connus que dans la suite, il faut que le clair obscur de Bularchus ait été fort imparfait, comme il arrive dans les commencemens d’une découverte.
Dans :Bularcos vend ses tableaux leur poids d’or(Lien)
, p. 258
Denys ou plutôt Dionysius, de Colophone, ne fit que des portraits, et jamais des tableaux, d’où lui vint à juste titre, dit Pline, liv. XXXV. ch. x. le surnom d’antropographus, c’est-à-dire, peintre d’hommes. Nous avons eu dans le xvj. siecle, un peintre flamand semblable en cela de fait et de nom (car on le nommoit en latin Dionysius) au peintre de Pline, et les deux Denys ne sont pas les seuls qui aient préféré ce genre de peinture à tout autre, par la raison.
Dans :Dionysios anthropographe(Lien)
, p. 266
Enfin, pour completer cet article, je ne dois pas taire quelques femmes qui ont exercé la Peinture dans la Grece ; telles sont Timarete, fille de Micon, et qui a excellé ; Irène, fille et éleve de Cratinus ; Calypso, Alcisthene, Aristarete qui s’étoit formée dans son art sous son pere Néarchus ; Lala de Cizique, perpetua virgo, épithete singuliere pour ce tems, si elle ne veut pas dire tout simplement qu’elle ne fut point mariée. Cette fille exerça la Peinture à Rome, selon M. Varron, cité par Pline ; non-seulement elle peignit, mais elle fit des ouvrages cestro in ebore, ce que M. de Caylus traduit généralement, en disant qu’elle grava sur l’ivoire : elle fit le portrait de beaucoup de femmes, et le sien même dans le miroir, nec ullius in picturâ velocior manus fuit, personne n’eut le pinceau aussi léger, ou bien, ne montra une aussi grande légereté d’outil, pour m’exprimer dans la langue des artistes ; Pline fait encore mention d’une Olympias. Plusieurs de ces femmes ont fait de bons éleves, et laissé de grands ouvrages. Je ne puis opposer, avec M. de Caylus, à ces femmes illustres qu’une seule moderne ; non que les derniers siecles n’en aient produits qui pourroient trouver ici leur place ; mais la célebre Rosalba Carieri a fait des choses si remplies de cette charis qu’Apelle s’étoit accordée, qu’on peut la comparer, à divers égards, aux femmes peintres de la Grece. Les sujets qu’elle a faits n’ont cependant jamais été fort étendus, car elle n’a travaillé qu’en mignature et en pastel.
Dans :Femmes peintres(Lien)
(t. XII), p. 260
Il étoit également ingénieux et solide dans son art. Il représenta la bataille navale des Egyptiens contre les Perses ; et comme il vouloit faire connoître que l’action s’étoit passée sur le Nil, dont les eaux sont semblables à celles de la mer, il peignit sur le bord de l’eau un âne qui bûvoit, et tout auprès un crocodile qui le guettoit pour se jetter sur lui. Secondé comme Protogène par le hasard, il ne vint à-bout, à ce qu’on dit, de représenter l’écume d’un cheval echauffé, qu’en jettant de dépit son pinceau sur son ouvrage ; Pline parle beaucoup de Néalcés dans son hist. nat. liv. XXXV. ch. xj.
Dans :Néalcès et le crocodile(Lien)
, p. 261
Pamphile fut primus in picturâ, mais d’une façon dont nos Peintres devroient tâcher d’approcher ; c’est qu’étant savant dans son art, il fut omnibus litteris eruditus. Il eut le crédit d’établir à Sicyone, ensuite dans toute la Grece, une espece d’académie où les seuls enfans nobles et de condition libre, qui auroient quelque disposition pour les beaux Arts, seroient instruits soigneusement avec ordre de commencer par apprendre les principes du dessein sur des tablettes de bouis, et défense aux esclaves d’exercer le bel art de la Peinture. Enfin, Pamphile mit cet art in primum gradum liberalium ; Pline l’appelle aussi un art noble & distingué qui avoir excité l’empressement des rois et des peuples. Il aime qu’elle fasse briller l’érudition au préjudice même du coloris : il joint avec complaisance au titre de peintre celui de philosophe dans la personne de Métrodore, et celui d’écrivain dans Parrhasius, dans Euphranor, dans Apelle et dans les autres. Quelquefois même il semble préférer la Peinture à la Poésie ; la Diane d’Apelle au milieu de ses nymphes qui sacrifient, paroît, dit-il, l’emporter sur la Diane d’Homere, lequel a décrit le même spectacle. Si les vers grecs qui subsistoient à la louange de la Vénus Anadyomene du même Apelle, avoient prévalu sur le tableau qui ne subsistoit plus, ils rendoient toujours hommage à sa gloire. Cependant il semble que nos Artistes pensent bien différemment, et qu’ils secouent la littérature et les sciences comme un joug pénible, pour se livrer entierement aux opérations de l’œil et de la main. Leur préjugé contre l’étude paroît bien difficile à déraciner, parce que malheureusement presque tous ceux qui ont eu des lettres, n’ont pas excellé dans l’art ; mais l’exemple de Léonard de Vinci et de quelques autres modernes suffiroit, indépendamment de l’exemple des anciens, pour justifier qu’il est possible à un grand peintre d’être savant. Enfin, sans savoir comme Hippias, tous les Arts et toutes les Sciences ; il y a des degrés entre cet éloge, et une ignorance que l’on ne peut jamais pardonner.
Dans :Pamphile et la peinture comme art libéral(Lien)
(t. XII), p. 262
Parrhasius, natif d’Ephese, fils & disciple d’Evenor, contemporain et rival de Zeuxis, fleurissoit dans les beaux jours de la Peinture, vers l’an du monde 3564, environ quatre cens ans avant Jesus-Christ. Ce fameux artiste réussissoit parfaitement dans le dessein, dans l’observation exacte des proportions, dans la noblesse des attitudes, l’expression des passions, le finissement et l’arrondissement des figures, la beauté et le moëlleux des contours ; en tout cela, dit Pline, il a surpassé ses prédécesseurs, et égalé tous ceux qui l’ont suivi.
Dans :Parrhasios et les contours(Lien)
(t. XII ), p. 262
son trait étoit aussi coulant que ses contours étoient justes ; c’est le sublime de la peinture : hæc est in picturâ sublimitas ; hanc ei gloriam concessére Antigonus et Xenocrates, qui de picturâ scripsére.
Dans :Parrhasios et les contours(Lien)
(t. XII), p. 262
C’est dommage que Parrhasius ait deshonoré son pinceau, en représentant par délassement les objets les plus infâmes : ubique celeber, comme dit Pline d’Arellius, nisi flagitiis insignem corrupisset artem ; ce que fit en effet le peintre d’Ephese par sa peinture licencieuse d’Atalante avec Méléagre son époux, dont Tibere dona cent cinquante mille livres de notre monnoie, et plaça cette peinture dans son appartement favori. C’est encore dommage que cet homme si célebre ait montré dans sa conduite trop d’orgueil et de présomption. On le blame peut-être à tort de sa magnificence sur toute sa personne. On peut aussi lui passer son bon mot dans sa dispute avec Timanthe ; il s’agissoit d’un prix en faveur du meilleur tableau, dont le sujet étoit Ajax outré de colere contre les Grecs, de ce qu’ils avoient accordé les armes d’Achille à Ulysse. Le prix fut adjugé à Timanthe. « Je lui cede volontiers la victoire, dit le peintre d’Ephèse, mais je suis fâché que le fils de Télamon ait reçu de nouveau le même outrage qu’il essuya jadis fort injustement ». On voit par ce propos que Parrhasius étoit un homme de beaucoup d’esprit ; mais c’étoit sans doute un artiste du premier ordre, puisque Pline commence son éloge par ces mots remarquables, qui disent tant de choses : primus symmetriam picturæ dedit ; ces paroles signifient, que les airs de tête de ce peintre étoient piquans, qu’il ajustoit les cheveux avec autant de noblesse que de légereté ; que ses bouches étoient aimables, et que son trait étoit aussi coulant que ses contours étoient justes ; c’est le sublime de la peinture : hæc est in picturâ sublimitas ; hanc ei gloriam concessére Antigonus et Xenocrates, qui de picturâ scripsére. Dans son tableau de deux enfans, on trouvoit l’image même de la sécurité et de la simplicité de l’âge, securitas et simplicitas ætatis. Il faut que ces enfans aient été bien rendus, pour avoir inspiré des expressions qui peignoient à leur tour cette peinture. C’est dommage que dans un artiste de cette ordre, nemo insolentius & arogantius sit usus gloriâ artis. Il se donna le nom d’abrodietos, le délicat, le voluptueux, en se déclarant le prince d’un art qu’il avoit presque porté à sa perfection. En effet, on ne lit point sans plaisir, cout ce que disent de ce grand maître Pline, Diodore de Sicile, Xénophon, Athénée, Elien, Quintilien, & parmi les modernes Carlo-Dati ; mais on n’est point fâché de voir l’orgueil de Parrhasius puni, quand il fut vaincu par Timanthe, dans le cas dont j’ai parlé ci-dessus ; cas d’autant plus important à sa gloire, que les juges établis pour le concours des arts dans la Grece, ne pouvoient être soupçonnés d’ignorance ou de partialité.
Dans :Parrhasios : orgueil(Lien)
(t. XII), p. 262
Le tableau allégorique que cet homme célebre fit du peuple d’Athenes, brilloit de mille traits ingénieux, et montroit dans le peintre une richesse d’imagination inépuisable : car ne voulant rien oublier touchant le caractere de cette nation, il la représenta d’un côté bizarre, colere, injuste, inconstante ; et de l’autre humaine, docile, et sensible à la pitié, dans certain tems fiere, hardie, glorieuse, et d’autresfois basse, lâche, et timide ; voila un tableau d’après nature.
Dans :Parrhasios, Le Peuple d’Athènes(Lien)
(t. XII), p. 262
Il devint dans sa jeunesse amoureux de Glycere ; cette belle vendeuse de fleurs le rendit excellent dans l’imitation de la plus légere et de la plus agréable production de la nature. Comme elle excelloit dans l’art de faire des couronnes des fleurs qu’elle vendoit, Pausias pour lui plaire imitoit avec le pinceau ces couronnes, et son art égaloit le fini et l’éclat de la nature. Ce fut alois qu’il représenta Glycere assise, composant une guirlande de fleurs, tableau dont Lucullus acheta la copie deux talens (neuf mille quatre cens livres) ; combien auroit-il payé l’original, qu’on nomma stéphanoplocos, la faiseuse de couronnes ? Horace n’a pas oublié cette circonstance. Vel cum Pausiaca torpes ; insane, tabella/ Qui peccas minus, atque ego cum, &c. Le prix excessif que Lucullus mit au tableau de Pausias, ne doit pas néanmoins étonner ceux qui ont vû donner de nos jours des sommes pareilles pour les bouquets de fleurs peints par Van-Huysum, tandis que peut-être ils n’auroient pas donné le même prix d’un tableau de Raphaël. On pourroit comparer Baptiste, pour cette partie seulement, au célebre Pausias dans la belle imitation des fleurs, à laquelle il joignoit une grande facilité.
Dans :Pausias et la bouquetière Glycère(Lien)
, p. 262
Pausias y apportoit la plus grande facilité, car il peignit un tableau de ce genre en un jour ; il est vrai que ce tableau représentoit un enfant, dont les chairs mollettes, rondes, et pleines de lait, n’exigent qu’une forme générale sans aucun détail intérieur, sans aucune expression composée, enfin sans aucune étude de muscles et d’emmanchemens.
Dans :Pausias, L’Hémérésios(Lien)
, p. 264
Pyreicus, dit Pline, arte paucis post ferendus, et sur-tout du côté de la beauté du pinceau ; mais il a dégradé son mérite, tonstrinas sutrinasque pinxit ; aussi fut-il nommé rhyparographos, c’est-à-dire bas & ignoble. Nous pouvons donner cette épithete à presque tous les peintres des Pays-bas. Il paroît que les Romains étoient sensibles à la séduction que causoient ces petits genres, et qu’ils pardonnoient aux sujets en faveur de la belle couleur, qui véritablement est attrayante.
Dans :Piraicos et la rhyparographie(Lien)
, p. 253
Vers la même 90e olympiade, c’est-à-dire l’an 420 avant Jesus-Christ, parurent un autre Aglaophon différent du pere de Polygnote, Céphissodore dont le nom a été commun à différens sculpteurs, Phrylus et Evenos d’Ephèse. Vers le même tems doivent être placés deux autres peintres qu’Aristote a mis à la suite de Polygnote, l’un est Pauson et l’autre Denys de Colophon, tous deux antérieurs à l’an 404, qui fut l’époque des grands peintres de la Grece. Polygnote, en peignant les hommes, les rehaussa ; Pauson les avilit ; et Denys les représenta ce qu’ils ont coutume d’être.
Dans :Polygnote, Dionysos et Pauson : portraits pires, semblables, meilleurs(Lien)
, p. 263-264
[[4:suit Protogène, Satyre]] Il étoit alors logé à la campagne dans une maison près de la ville. Démétrius fit venir Protogène dans son camp ; et lui ayant demandé comment il pouvoit s’occuper à son beau tableau sans crainte, et s’imaginer être en sureté au milieu des ennemis, Protogene lui répondit spirituellement, qu’il savoit que Démetrius ne faisoit pas la guerre aux arts ; réponse qui plut extrèmement au monarque, et qui sauva Rhodes. C’est Aulugelle, liv, XV. ch. iij. qui rapporte ce fait, un des plus frappans que l’histoire nous ait conserve. Cet évenement d’un tableau qui opere le salut d’une ville, est d’autant plus singulier, que le peintre vivoit encore ; et l’on sait assez que d’ordinaire les hommes attendent la mort des auteurs en tout genre, pour leur donner les éloges les plus mérités, soit qu’un sentiment d’envie les conduise, soit qu’ils ne prisent que ce qu’ils n’ont pas la liberté de faire exécuter, le plaisir de voir naître sous leurs yeux, et que leur estime soit produite par le regret.
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
, p. 263
Tous les Historiens parlent de ce fameux tableau qui lui coûta sept ans de travail, de l’Iabise, chasseur célebre, petit-fils du Soleil, et qui passoit pour le fondateur de Rhodes. Protogène, jaloux de la durée de ses ouvrages, et voulant faire passer le tableau d’Iabise à la postérité la plus reculée, le repeignit à quatre fois, mettant couleurs sur couleurs, qui prenant par ce moyen plus de corps, devoit se conserver plus long-tems dans leur éclat, sans jamais disparoître ; car elles étoient disposées pour se remplacer, pour ainsi dire, l’une l’autre. C’est ainsi que Pline s’explique, comme le remarque M. le comte de Caylus, pour caractériser le coloris de ce célebre artiste. On admiroit en particulier dans ce tableau l’écume qui sortoit de la gueule du chien ; ce qui n’étoit pourtant, dit-on, qu’un coup de hasard et de desespoir du peintre.
Dans :Protogène, L’Ialysos (la bave du chien faite par hasard)(Lien)
, p. 263
[[4:suit Protogène, Ialysos]] On faisoit aussi grand cas de son satyre appuyé contre une colonne. Protogène y travailloit dans le tems même du siége de Rhodes par Démétrius. [[4:suite : Protogène et Démétrios]]
Dans :Protogène, Satyre et parergia(Lien)
, p. 264-265
Timanthe étoit natif de Sycione, ou selon d’autres, de Cythné. Cet artiste si renomme avoit en partage le génie de l’invention, ce don précieux de la nature qui caractérise les talens supérieurs, et que le travail le plus opiniâtre, ni toutes les ressources de l’art, ne peuvent donner. C’est Timanthe qui est l’auteur de ce fameux tableau du sacrifice d’Iphigénie, que tant d’écrivains ont célébré, et que les grands-maîtres ont regardé comme un chef-d’œuvre de l’art. Personne n’ignore que pour mieux donner à comprendre l’excès de la douleur du pere de la victime, il imagina de le représenter la tête voilée, laissant aux spectateurs à juger de ce qui passoit au fond du cœur d’Agamemnon. Velavit ejus caput, dit Pline, & sibi cuique animo dedit æstimandum. Tout le monde sait encore combien cette idée a été heureusement employée dans le Germanicus de Poussin. Les grands hommes, et sur-tout les Peintres, parlent tous, pour ainsi dire, le même langage, et le tableau de Timanthe ne subsistoit plus quand le Poussin fit le sien.
Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)
, p. 265
Timomaque, natif de Bizance, vivoit du tems de Jules-César. Il mit au jour, entre autres productions, un Ajax et une Médée que le conquérant des Gaules plaça dans le temple de Vénus, et qu’il acheta 80 talens, c’est-à-dire au-delà de seize mille quatre cens louis. Timomaque n’avoit pas mis la derniere main à sa Médée, et c’étoit néanmoins ce qui la faisoit encore plus estimer, au rapport de Pline, qui ne peut s’empêcher d’admirer ce caprice du goût des hommes. La pitié entre-t-elle dans ce sentiment ? se fait-elle un devoir de chérir les choses à cause de l’infortune qu’elles ont eu de perdre leur auteur, avant que d’avoir reçu leur perfection de sa main ? cela peut être ; mais il arrive aussi quelquefois qu’on se persuade avec raison, que de grands maîtres alterent l’excellence de leurs ouvrages par le trop grand fini dont ils sont idolâtres. Quoi qu’il en soit, le morceau de peinture dont il s’agit ici étoit admirable par l’expression, genre particulier qui caractérisoit Timomaque ; car c’est par-là qu’Ausone, dans sa traduction de quelques épigrammes de l’Anthologie sur ce sujet, vante principalement ce magnifique tableau, où la fille d’Oetus, si fameuse par ses crimes, étoit peinte dans l’instant qu’elle levoit le poignard sur ses enfans. On voit, dit le poëte, la rage et la compassion mêlées ensemble sur son visage ; à-travers la fureur qui va commettre un meurtre abominable, on apperçoit encore des restes de la tendresse maternelle. Cependant cette Médée, si louée par les auteurs grecs et latins, si bien payée par Jules-César, n’étoit pas le chef-d’œuvre du célebre artiste de Bizance : l’on n’estimoit pas moins son Iphigénie et son Oreste, et l’on mettoit sa Gorgone au-dessus de toutes ses compositions.
Dans :Timomaque, Ajax et Médée(Lien)
, p. 265
[[4:suit Zeuxis richesse]] Dans le nombre de ses productions pittoresques, tous les auteurs s’étendent principalement sur celle de les raisins, et du rideau de Parrhasius. Ce n’est point cependant dans ces sortes de choses que consiste le sublime et la perfection de l’art ; de semblables tromperies arrivent tous les jours dans nos peintures modernes, qu’on ne vante pas davantage par cette seule raison. Des oiseaux se sont tués contre le ciel de la perspective de Ruel en voulant passer outre, sans que cela soit beaucoup entré dans la louange de cette perspective. Un tableau de M. le Brun, sur le devant duquel étoit un grand chardon bien représenté, trompa un âne qui passoit, et qui, si on ne l’eût empêché, auroit mangé le chardon ; je dis avec M. Perrault mangé, parce que le chardon étant nouvellement fait, l’âne auroit infailliblement léché toute la peinture avec sa langue. Quelquefois nos cuisiniers ont porté la main sur des perdrix et sur des chapons naïvement représentés pour les mettre à la broche ; on en a ri, et le tableau est demeuré à la cuisine. [[4:Suite : Zeuxis Hélène]]
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)
, p. 265
Mais des tableaux beaucoup plus importans de Zeuxis étoient, par exemple, son Hélene, qu’on ne voyoit d’abord qu’avec de l’argent, d’où vint que les railleurs nommerent ce portrait Hélene la courtisanne. On ne sait point si cette Hélene de Zeuxis étoit la même qui étoit à Rome du tems de Pline, ou celle que les Crotoniates le chargerent de représenter, pour mettre dans le temple de Junon. Quoi qu’il en soit, il peignit son Hélene d’après nature sur les cinq plus belles filles de la ville, en réunissant les charmes et les graces particulieres à chacune, pour en former la plus belle personne du monde, que son pinceau rendit à ravir.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)
, p. 266
Verrius Flaccus, cité par Festus, rapporte que le dernier tableau de Zeuxis fut le portrait d’une vieille, qui le fit tant rire qu’il en mourut ; mais si le fait étoit vrai, comment auroit-il échappé à tous les autres auteurs ? Je supprime ici beaucoup de choses sur ce grand maître en Peinture, parce qu’on les trouve dans Junius & dans la vie de Zeuxis, de Parrhasius, d’Apelle, & de Protogène, donnée en italien par Carlo-Dati, & imprimée à Florence en 1667, in-12.
Dans :Zeuxis mort de rire(Lien)
, p. 265
Zeuxis, étoit natif d’Héraclée, soit d’Héraclée en Macédoine, ou d’Héraclée près de Crotone en Italie, car les avis sont partagés ; il fleurissoit 400 ans avant Jesus-Christ, vers la quatre-vingt-quinzieme olympiade. Il fut le rival de Timanthe, de Parrhasius, et d’Apollodore, dont il avoit été le disciple ; mais il porta à un plus haut degré que son maître la pratique du coloris et du clair obscur ; ces parties essentielles, que Pline nomme la porte de l’art, et qui en font proprement la magie, firent rechercher les ouvrages de Zeuxis avec empressement, ce qui mit bientôt ce celebre artiste dans une telle opulence, qu’il ne vendoit plus ses tableaux, parce que, disoit-il, aucun prix n’étoit capable de les payer ; discours qu’il devoit laisser tenir à les admirateurs. [[4:suite : Zeuxis et Parrhasios]]
Dans :Zeuxis et la richesse(Lien)